Deux de mes sextaïeuls exerçaient des métiers de la faïence à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle. L’un était mouleur, l’autre colporteur.
La faïence fut inventée à Faenza en Italie au début du XVe siècle. Elle fait partie des céramiques (produits à base d’argile cuite) au même titre que le grès et la porcelaine. Il en existe deux types :
- la faïence stannifère recouverte d’une glaçure à base d’étain ;
- la faïence fine ou faïence plombifère recouverte d’une glaçure à base de plomb.
Les premières poteries stannifères auraient été produites au IXe siècle en Irak. Elles se sont ensuite répandues en Occident à la Renaissance via l’Égypte, la Perse et l’Espagne avant d’atteindre l’Italie puis la France.
Les manufactures de faïence se multiplient sur tout le territoire français au XVIIIe siècle. Cette expansion fut indirectement liée à la politique extérieure de Louis XIV « ayant ordonné que la vaisselle d’or et d’argent soit fondue pour renflouer le trésor royal » 1.
Faïence de Rouen
Masséot Abaquesne fabriqua des carreaux de céramique à partir du début du XVIe siècle. Le musée national de la Renaissance d’Écouen présente plusieurs de ses œuvres. La fabrication s’arrêta à sa mort en 1564. Elle fit son retour à Rouen au milieu du XVIIe siècle avec Edme Poterat. La production atteint son apogée au XVIIIe siècle. Elle devient alors l’une des plus importantes de France avant de décliner à la fin de ce même siècle et de s’éteindre définitivement vers 1855.
Deux sortes de terre étaient couramment utilisées et mélangées : « la terre de Saint-Aubin sur le plateau de Boos était forte et grasse, d’aspect rouge vif ; la terre de Quatre-Mares, entre Sotteville et Saint-Étienne du Rouvray, une terre d’alluvion, légère et sablonneuse » 2.
Faïence de Desvres
L’industrie s’est développée à Desvres au milieu du XVIIIe siècle. La faïence était fabriquée à partir de l’argile et des sables ferrugineux de la forêt de Desvres. Toutes les faïenceries (famille Boulongne, famille Level, Géo Martel, Jean-François Sta, Gabriel Fourmaintraux, etc.) ont cessé leur activité. De petits ateliers, créés par d’anciens ouvriers, ont pris le relais à la fin du XXe siècle.
Faïence de Moustiers
La faïence s’est implantée à Moustiers-Sainte-Marie au début du XVIe siècle où les potiers ont trouvé d’importants gisements d’argile, de l’eau abondante et du bois issus des forêts pour le fonctionnement des fours. Pierre Clérissy fonde une manufacture en 1679 et sera à l’origine de l’essor de l’art de la céramique qui perdurera jusqu’au milieu du XIXe siècle. La faïence fut ensuite oubliée jusqu’au début du XXe siècle lorsque Marcel Provence ralluma un four dans le village en 1927 perpétuant ainsi la tradition.
Références bibliographiques
- Moustiers-Sainte-Marie, Histoire de la faïence [en ligne], disponible sur https://www.moustiers.fr/fr/histoire-faience [consulté le 4 février 2019]
- Patrick Halbout et Catherine Vaudour, La fabrication de la faïence de Rouen (XVIIIe siècle), Caen, Société d’Archéologie Médiévale, 1987, 165 p.